Ballades en contrastes dans les cimetières. Les vivants mettent en scène leur éternité. Cela répond-il à un simple besoin de reconnaissance ou une envie de laisser trace de leur passage ?
La mort et sa représentation ont toujours hantées la vie des vivants. Chacun veut savoir ce qu'il adviendra de lui après son passage sur terre. Comme si le besoin s'en fait pressant, on laisse une
preuve tangible de notre vie. La pierre tombale est cette preuve, cet exemple d’une foi religieuse en déclin laissant ses traces dans un monde
en pleine mutation. Elle est le symbole d'une fin inéluctable annoncée depuis la naissance. Ce lent sablier qui de notre premier souffle nous envoie vers le mot fin.
Que reste t-il de nos morts, de ces regards sur ces pierres tombales dans un monde en plein déclin de foi ? La crise de foi est de plus en plus située dans une nouvelle croyance plutôt qu’en une foi
en l’athéisme. Etre cartésien et vivre parmi les décombres d’une pratique religieuse en repli est devenu notre lot quotidien. Ce n'est ni sordide, ni voyeur, ni morbide que de regarder en face ce
pierres tombales. Elles sont juste notre reflet dans le marbre.
Si je pouvais choisir ma pierre tombale, elle serait un caillou posé dans le désert du Sahara. Sans croyance, une partie de l’infini nature. Une pierre marquée par l'érosion du vent, du sable et
du temps qui a quelque chose à partager. Une pierre
avec autour d'elle le luxe du calme et de l'immensité. A quiconque le voudrait bien elle murmurerait son histoire et écouterait celle de l'autre.
Je suis né, mes yeux ont vu, mon coeur a aimé, mes mains ont essuyé deslarmes, et un jour je suis mort. La vie ne pouvait rien m'apporter de plus, j'avais vécu pleinement alors j'ai cédé la
place...